Témoignage d'une détenue à la prison de Haeren.
Le projet Exit consiste à documenter les 2 dernières années de vie des prisons de Saint-Gilles, Forest et Berkendael. En 2024, tous.tes les ... (voir plus)
Témoignage d'une détenue à la prison de Haeren.
Le projet Exit consiste à documenter les 2 dernières années de vie des prisons de Saint-Gilles, Forest et Berkendael. En 2024, tous.tes les détenu.e.s ainsi que le personnel de ces sites déménageront en effet vers le nouveau grand complexe pénitentiaire de Haeren, située en périphérie de la ville. Ces délocalisations signeront la fin d'un mode de vie carcéral hérité du 19è siècle, mais également la fin d'un monde carcéral à l'intérieur de la ville. BNA-BBOT a été invitée à documenter les derniers temps d'habitation et de fonctionnement de ces prisons par la collecte de récits, de témoignages et d’objets auprès de tous les occupants : détenu.e.s, personnel de surveillance, personnel psycho-social, encadrants, dirigeants. Ce faisant, nous cartographions les petits et grands événements de ces sites, les histoires du passé lointain et récent, et les enregistrements de terrain. L'objectif de ce projet est de créer une archive auditive des trois sites, de préserver les histoires et les sons et de les ouvrir au public par le biais d'installations sonores dans les prisons après le déménagement. Les installations sont spécifiques au site et immersives, explorant l'acoustique, l'architecture et les matériaux. Ce projet est mené en collaboration avec le service culturel des communes de Saint-Gilles et de Forest, les bibliothèques communales de Saint-Gilles et Forest, De Rode Antraciet, La Fonderie, BRUZZ et De Vlaamse Gemeenschap.
1679 - 01 - BNA-BBOT
Elle habite à Bruxelles depuis 1999. Elle est née en Ouzbékistan.
Elle aime beaucoup la Belgique, les belges, et le fait d’être en prison en Belgique, où on l’aide beaucoup.
Elle est en prison depuis le 17 Novembre 2019, d’abord à Berkendael puis à Haeren.
Elle a d’abord passé 15 mois à Berkendael, elle ne connaissait rien de la prison concrètement. Ça a changé beaucoup de choses pour elle.
Les femmes prisonnières sont gentilles, elle rencontre des gens qu’elle n’aurait jamais rencontré dehors.
Elle a aussi rencontré des femmes qui ne savaient pas lire ni écrire, ça a été une surprise pour elle, il faut les aider
Il faut voir ça comme une chance de changer sa vie, apprendre à lire, travailler ensemble, apprendre à faire la cuisine pour beaucoup de monde, elle a appris la cuisine collective à Berkendael, où elles étaient 5 à préparer pour tout le monde.
À Haeren c’est différent, plus de cuisine collective, il y a une société qui amène les repas individuels. Mais elle a aussi appris la peinture, elle fait des portraits des autres filles prisonnières, de leurs enfants. Elle a aussi commencé à faire du sport, apprendre le néerlandais, c’est presqu’un cours individuel !
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La prison de Haeren est neuve et confortable, chacune a une cellule individuelle avec une douche dans la cellule.
Elle peut imaginer que c’est un petit hôtel, les filles sont plus calmes, plus gentilles entre elles, moins les unes sur les autres.
La prison de Haeren pourrait aider à la réinsertion, elle n’a pas de famille mais elle a une personne volontaire qui vient la voir deux fois par mois.
Ça aide avant de sortir de prison après, de ne pas se sentir isolée.
Date du jour : jeudi 16 mars 2023.
C’est la fin de semaine, le printemps qui commence et la met de bonne humeur.
Elle a déménagé en novembre ici, les prisonnières étaient stressées avec le déménagement, pas elle.
Au début elles étaient 18 personnes, à Noël elles ont mangé des pizzas ensemble, puis de la musique. Elle se dit qu’au-dehors elle n’aurait pas eu autant de monde pour fêter Noël.
Avec le printemps elle sort plus au préau. Le dernier est à 19h30, en hiver c’est un peu tard.
Par contre elle trouve qu’il fait un peu froid, il n’y a pas de radiateur dans les chambres, elle ne sait pas trop comment ça marche, c’est peut-être des réglages à faire.
Une fois tout fermé elle n’entend rien du dehors, même pas les avions de Zaventem.
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Décrire où on se trouve.
On est dans un local pour les visites, où viennent les avocats, les assitant·e·s sociales, psychologues.
Elle a la chance d’avoir une psychologue qui vient deux fois par mois parler avec elle.
Un peu plus loin il y a des chambres pour les visites en famille.
Ici c’est plus simple qu’à Berkendael pour les visites, on peut y venir à n’importe quelle heure et il y a plus de place.
À Berkendael si on loupait l’heure du rendez-vous c’était annulé.
Elle doit encore rester quelques années en prison, elle ne pense pas encore au moment de sortir, mais quand même ici elle se sent plus libre qu’à Berkendael, en fait elle a l’impression d’être déjà un peu dehors dans cette nouvelle prison.
Chaque jour elle voit des personnes différentes qui travaillent ici, ça change souvent. Ça la met en contact avec la vie extérieure.
Il y a encore des choses à régler, parfois leur badge ne permet pas d’ouvrir des portes d’endroit où elles veulent accéder.
L’accès à la prison est-il aisé pour les personnes extérieures ?
C’est plus simple parce qu’il n’y a pas d’horaires spécifiques. Bien sûr il y a beaucoup de travaux autour de la prison et les routes changfent, il faut chercher un itinéraire, mais il y a un parking devant la prison, c’est plus facile qu’à Berkendael, surtout quand les aménagements seront terminés .
Pour la visite on leur décompte une heure à partir du moment où la personne est dans le local, donc même si ça lui prend du temps entre l’arrivée en prison et la rencontre ça n’a pas d’incidence.
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Un message à des personnes qui ne connaissent pas la prison ?
Ici il y a beaucoup de jeunes femmes qui ont besoin d’avoir de l’écoute, être amies avec des visiteuses. C’est quelque chose qu’elle aimerait faire après sa peine, mais ça n’est pas possible pour une ancienne détenue.
Si quelqu’un·e a du temps et l’envie, iel peut venir et aider, pour donner de l’espoir aux jeunes prisonnières.
Souvent elle leur dit qu’elles pourraient étudier, profiter de ce temps pour avoir des diplômes.
Certaines perdent l’espoir, dépriment, les visites peuvent les aider.
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Que fera-t-elle en sortant ?
Avant sa vie était trop chargée, elle n’avait pas le temps, à présent elle est en vacances, elle pense à elle, lit et fait ce qui l’intéresse, mais quand elle sortira elle commencera la vie normale, du plaisir pour elle.
La vie change vite, elle sent l’isolement elle aura besoin de temps pour s’adapter, mais en sortant elle sera libre, elle prépare un planning, en tous cas elle n’a pas peur de sortir.
Elle adore Bruxelles mais si elle parle le néerlandais elle aimerait bien partir vivre à Ostende au bord de la mer !
Cependant l’expérience de la chute de l’union soviétique lui a appris à ne pas faire de plans trop à l’avance, elle a vu qu’une vie pouvait vite changer.
Elle aimerait vivre au calme, c’est tout ce qu’elle souhaite.
1679 - 06 - BNA-BBOT
Qu’est-ce qu’elle peint ?
Elle a essayé les paysages, les natures mortes, mais elle préfère le portrait. Peut-être elle va devenir célèbre !
Elle aime beaucoup les portraits, elle est restée 4h00 au Louvre devant la Joconde Mona Lisa !
Peut-être un jour elle sera une artiste reconnue.
Elle aime la couleur, elle a décoré sa cellule.
Elle tricote aussi, elle fait des napperons, en prison elle n’a pas tellement de temps finalement !
Le temps passe vite.
Chaque jour elle se réveille à 6h00 du matin, à 7h15 elle sort travailler, retour à 14h45, puis les activités, le souper à 17h00, un peu de télé, les jours passent et elle a peu de temps libre.
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Souvenir joyeux ?
Une histoire d’amour, été 2020.
Ce jour-là elle n’était pas sortie au préau, elle n’a pas vu l’évènement en direct. Dans la prison il y avait une fille dont le copain a détourné un hélicoptère pour venir la libérer.
Elle a entendu l’hélicoptère, il tournait au-dessus de la prison, avec le mari qui voulait libérer sa femme.
Elle trouve que c’est une belle preuve d’amour, voit l’aspect romantique.
Le mari n’a pas été retrouvé, elle espère qu’il s’est échappé, la fille a été transférée dans une autre prison.
Elle adore les hommes qui peuvent faire un tel acte par amour.
1679 - 08 - BNA-BBOT
Qu’est-ce qui lui manque du dehors ?
Danser !
Elle aime danser, elle fait assez peu d’activités, entre la cellule et le travail où elle trie des épices.
Il y a un professeur de danse qui est prêt à donner un atelier, après le travail, même le samedi s’il le faut, maintenant elle attend que ça se mette en place.
Elle a aussi découvert le yoga en prison, elle a compris que c’est un très bon exercice pour la tête et le corps . Malheureusement entre-temps il y a eu le covid et beaucoup de choses se sont arrêtées.
Elle coud pour beaucoup de femmes, c’est des moments qu’elles passent ensemble.
Le problème c’est qu’elles sont toutes mélangées, préventive, détention, et c’est compliqué d’organiser des groupes stables pour les activités.
Elle ne chante pas, c’est un mauvais souvenir ! Sa mère l’a obligée à faire l’école musicale dans son enfance, elle y reviendra peut-être, mais comme elle n’a plus de thyroïde sa voix a changé, c’est difficile de chanter. Sa voix était soprano, maintenant elle est plus basse.
Il y a aussi des cultes en prison, protestant, catholique, ils font des cadeaux à Noël.
1679 - 09 - BNA-BBOT
Réflexion sur le temps, presqu’une heure d’enregistrement.
Après 15 mois à Berkendael elle a été chez elle avec bracelet électronique, elle ne pouvait pas sortir, dépendait de ses ami·e·s pour la nourriture, sortir les poubelles. Elle a passé un an ainsi, et en comparaison elle se sent plus libre en prison.
Quand elle est revenue à Berkendael après un an chez elle, tout le monde était content de la revoir, c’est comme si elle revenait en famille.
Le déménagement à Haeren a été difficile, des affaires ont été égarées.
Les cartons ont été controlés, on n’a pas retrouvé ses affaires d’été par exemple.
Elle a dû attendre trois semaines pour qu’on retrouve ses lunettes. Elle avait peur que ses lunettes soient définitivement perdues. D’autres n’avaient pas leurs petites culottes ni leur dentifrice.
1678 - Exit
20 Février 2023
Studio BNA-BBOT
Entretien avec une habitante de la rue Berkendael, juste en face de la prison, et membre fondatrice du comité Jonction.
Le projet Exit consiste à documenter les 2 dernières années de vie des ... (voir plus)
Entretien avec une habitante de la rue Berkendael, juste en face de la prison, et membre fondatrice du comité Jonction.
Le projet Exit consiste à documenter les 2 dernières années de vie des prisons de Saint-Gilles, Forest et Berkendael. En 2024, tous.tes les détenu.e.s ainsi que le personnel de ces sites déménageront en effet vers le nouveau grand complexe pénitentiaire de Haeren, située en périphérie de la ville. Ces délocalisations signeront la fin d'un mode de vie carcéral hérité du 19è siècle, mais également la fin d'un monde carcéral à l'intérieur de la ville. BNA-BBOT a été invitée à documenter les derniers temps d'habitation et de fonctionnement de ces prisons par la collecte de récits, de témoignages et d’objets auprès de tous les occupants : détenu.e.s, personnel de surveillance, personnel psycho-social, encadrants, dirigeants. Ce faisant, nous cartographions les petits et grands événements de ces sites, les histoires du passé lointain et récent, et les enregistrements de terrain.
L'objectif de ce projet est de créer une archive auditive des trois sites, de préserver les histoires et les sons et de les ouvrir au public par le biais d'installations sonores dans les prisons après le déménagement. Les installations sont spécifiques au site et immersives, explorant l'acoustique, l'architecture et les matériaux.
Ce projet est mené en collaboration avec le service culturel des communes de Saint-Gilles et de Forest, les bibliothèques communales de Saint-Gilles et Forest, De Rode Antraciet, La Fonderie, BRUZZ et De Vlaamse Gemeenschap.
1678 - 01 - BNA-BBOT
Hanna Garcia Landa, habitante de la rue Berkendael, juste en face de la prison des femmes de Forest.
Le comité de quartier Jonction a été fondé en 2021 par des habitant·e·s autour de la prison.
Techniquement ce sont trois prisons, la prison de Saint-Gilles (hommes), la prison des hommes de Forest et les femmes rue Berkendael.
Elle est arrivée dans la rue Berkendael en 2017 et a commencé à militer pour que les bouleaux de la rue ne soient pas abattus.
Cette action n’a pas abouti, mais les pouvoirs communaux ont souhaité les accompagner pour la transformation du quartier.
Visite par l’ARAU du quartier des prisons.
Mise en contact avec d’autres personnes, quelques réunions sont organisées.
Se faire connaître par les autorités, devenir porte-parole du quartier, idéalement avoir un motr à dire sur l’aveniur de la prison.
Pouvoir co-décider, imaginer un futur (parc, plaine de jeux, bibliothèque..)
Du côté de Saint-Gilles les habitant·e·s avaient des idées bien plus précises, notamment avec la demande de logements sociaux.
Désaccord entre les groupes.
Beaucoup de propositions ont émergé, champ de patate, logement social, théâtre, piscine, jardin communautaire.
De là elle a voulu créer un petit groupe pour travailler sur des propositions concrètes.
Le projet s’est effiloché, par manque d’imminence du projet.
1678 - 02 - BNA-BBOT
Nous sommes le 20 février 2023, et le 4 février 2022 le comité a appris par la presse que la prison de Saint-Gilles allait rester au moins jusqu’en 2024, que les prisonniers hommes de Forest allaient partir à l’automne 2022 et que Berkendael redeviendrait une maison de détention, pour des détenus en courte ou en fin de peine.
Qu’est-ce que ça fait de vivre en face de la prison pour femmes ?
En ce moment c’est vide, mais ça a toujours été relativement calme.
Elle préfèrerait quye ça reste comme ça, une prison de deux étages, mais elle a vu un projet de transformation avec un bâtiment de cinq étages, ce qui changerait sa vue.
Elle voit un peu à l’intérieur depuis la fenêtre de sa salle de bain, mais rien d’exceptionnel.
Elle voit régulièrement passer des bénévoles, aussi des hommes, compagnons de détenues, et les personnes se crient depuis la rue vers la cour intérieure, des conversations se font ainsi.
Des personnes attendent parfois sur leur pas de porte, rien n’est prévu pour l’attente à l’extérieur.
Des enfants naissent dans la prison.
Elle a connu la responsable de la bibliothèque, elle aurait voulu faire don de livres mais ça n’était pas possible.
1678 - 03 - BNA-BBOT
Elle n’est jamais rentrée dans la prison, on lui a parlé de l’intérieur via une amie qui fait des ateliers théâtre avec des détenus.
Le comité a été convié à une visite, mais elle était absente à ce moment.
La possibilité que le bâtiment devienne une maison de détention inquiète le quartier, car ça veut dire des sorties autorisées, peut-être des trafics de drogue.
Inquitéude aussi que ça devienne un chancre, avec des squatteurs.
Deux couches classes sociales différentes entre Forest et Saint-Gilles, d’où des visions différentes, des propriétaires conservateurs, d’autres avec une vision sociale. Côté Forest moyenne d’âge 60 ans et plus, propreté, sécurité, valeur du bien, valeur patrimoniale, la prison c’est mieux que l’incertitude, côté Saint-Gilles des revendications de logements sociaux plutôt.
La prison appartient à l’état fédéral, il faut trancher sur le statut et le propriétaire de cette prison, une éventuelle vente à la région ?
Il y aurait un accord selon la région serait le destinataire de ce bien, les blocages seraient dus à la valeur du prix, la région ne pouvant pas concurrencer un éventuel promoteur immobilier.
Rien n’oblige l’état fédéral de vendre à la région, ça peut tout-à-fait partir au privé, et dans ce cas il n’y aurait pas d’obligation de faire du logement social.
Le comité voudrait revendiquer l’occupation temporaire sur la prison des hommes Avenue de la Jonction. Elle mobilise le comité pour présenter des projets, mais ça n’avance pas aussi vite qu’elle le souhaiterait.
Elle a visité See U, des lieux d’occupation temporaire, See U choisit des lieux faciles à occuper, les casernes d’Etterbeek, Pacheco, en bon état, incomparable avec la prison de Forest en très mauvais état, insalubre. De nombreux travaux de mise aux normes à prévoir, une occupation temporaire aurait peu de sens, pourrait effrayer des ASBL qui ont peu de fonds.
1678 - 04 - BNA-BBOT
Son souhait ?
Elle n’attend rien de particulier, elle s’est rendue compte que c’est facile à mettre en place, la difficulté est l’engagement des gens.
Elle a suivi le projet de musée carcéral pédagogique, porté par Jean-Marc Mahy, un ancien détenu.
Il a déjà fait ce musée dans un autre lieu, elle trouve l’idée intéressante pour la reconversion des prisons.
1678 - 05 - BNA-BBOT
La prison de Saint-Gilles est la prison belge la plus connue. Une des plus belles prisons d’Europe, architecturalement parlant. Elle est en surpeuplement carcéral, dans le haut d’une petite colline, annoncé comme le Montmartre bruxellois un peu pompeusement à l’époque.
En comparaison la prison de Berkendael est hideuse à regarder, celle de Saint-Gilles on ne la voit pas, elle est derrière un grand mur. Verlaine y a passé une nuit après avoir tiré sur Rimbaud.
Il y a deux courants de pensée, une selon laquelle il faudrait plus de places en prison car il y a de plus en plus de criminels, un autre courant issu des pays nord-européens qui voudrait qu’on vide plutôt les prisons car ça ne résout rien.
Il y a la possibilité de faire évoluer la peine de prison vers quelque chose de plus humain et plus efficace.
Haeren avec ses 1200 places, l’éloignement du Centre-Ville (pour les familles et le personnel) est vraiment à l’image du gouvernement en Belgique, à savoir plus de prisons.
1678 - 06 - BNA-BBOT
Noyau central du comité Jonction ?
Au début avec les gens de Saint-Gilles aguerris aux actions citoyennes, elle pas trop, un peu chez Amnesty International, pas trop au niveau politique.
Créer une assemblée, avec une structure type ASBL. Elle ne voulait pas que ça alourdisse le fonctionnement.
Les Saint-Gillois ne percevaient pas le besoin de communiquer, elle a voulu créer un groupe Facebook, même si elle n’aime pas l’outil, mais ça permettait de toucher du monde rapidement.
Lors de la dernière réunion en date il y avait peut-être 20 personnes, qui étaient le maximum de personnes intéressées.
Il y a eu beaucoup de volontaires, qui n’ont pas compris la démarche, à savoir que le comité n’allait pas annoncer ce qu’allait devenir le quartier.
Aux premières réunions elle a voulu essayer d’inviter toutes les couleurs politiques à tour de rôle, savoir aussi quel pouvait être le rôle d’un comité de quartier.
1678 - 07 - BNA-BBOT
Rythmes de la prison ?
Il faudrait demander aux gens qui habitent côté Saint-Gilles, là-bas on entend les prisonniers se parler, les appels à la prière, les rixes, une cloche qui sonne pour rythmer le temps.
Elle n’a pas d’idée précise, mais ça lui semble très répétitif.
Un jour elle a rencontré une collègue de travail, elle lui a avoué que tristement elle venait rendre visite à sa fille détenue à Berkendael. Il lui semble qu’il y a aussi une aile psychiatrique à Berkendael.
L’idée de déplacer la prison en-dehors de la ville est quelque chose qu’elle ne trouve pas intelligent, ça aurait plus de sens de rester au centre ville.
1678 - 08 - BNA-BBOT
Influence de la prison dans son choix d’habiter ici ?
Elle connaît la prison depuis longtemps, son père très cultivé lui citait le poème de Verlaine « le ciel est par dessus les toits », chaque fois qu’iels passaient devant.
Elle a été déçue d ‘apprendre que ce poème avait été écrit à la prison de Mons, et non pas celle de Saint-Gilles.
Elle cherchait à habiter à Saint-Gilles, mais trop cher, donc Forest, et la rue Berkendael avec ses bouleaux très agréables.
Elle ne s’est pas posée de questions particulières à cause de la prison, ça demeure un très beau quartier résidentiel avec ou sans la prison.
Quelque chose à rajouter ?
Clivage entre les intérêts du propriétaire et de l’usager de la ville permet de comprendre beaucoup d’enjeux de luttes sur Bruxelles, d’un côté la rentabilité de la promotion immobilière et la qualité de vie d’autre part.
Elle aimerait que l’état fédéral tranche vite quant à l’affectation du lieu, ça serait un enjeu extraordinaire pour les usagers de la ville, recréer un morceau de tissu urbain en plein centre-ville, le temps du comité de quartier ça l’a fait rêver.
Re-présentation.
55 ans, interprète de formation, vit en Belgique depuis 1994, citoyenne belge depuis 2021, habite juste en face de l’ancienne prison de femmes future maison de détention dans la rue Berkendael.
1676 -
16 Mai 2022
Studio BNA.
Rencontre avec Cédric Runner (aussi appelé Capitaine Zorgo) qui se définit comme un concepteur de joie.
Il est venu chez BNA afin de nous confier son fond d'enregistrements sonores effectués ... (voir plus)
Rencontre avec Cédric Runner (aussi appelé Capitaine Zorgo) qui se définit comme un concepteur de joie.
Il est venu chez BNA afin de nous confier son fond d'enregistrements sonores effectués depuisde nombreuses années, à la recherche de la mélodie dans le bruit. Ses sons sont désormais accessibles sur la carte sonore de BNA-BBOT.
1676 - 01 - BNA-BBOT
Cédric Runner, nom donné parce que pendant 14 ans il a sillonné les rues de Bruxelles avec un ours sur le dos.
On l ‘appelle aussi La Panthère Rose, Zorgo, jamais Cédric qui n’est pas connu.
C’est comme un acteur, il faut le vivre avec un ours.
L’ours fait deux mètres, il ne passe pas inaperçu.
Tout le monde parlait à l’ours, mais pas à lui.
Ça a commencé à la Basilique, il y avait un ours sur le trottoir, il fait beaucoup de récup et l’a ramené chez lui. Il a bricolé les deux pattes et les deux bras, puis il s’est dit qu’il allait sortir une demi-heure avec, voir si ça marche, et ça a duré 14ans.
Il a fait ça pour distraire les gens, c’était un distractomobile, pas pour faire le clown, mais sortir les gens de leur quotidien.
Il y a un poster / carte postale fait par le photographe Vincent Peel. Il est devenu une carte postale, pour un artiste c’est le signe qu’il faut arrêter.
C’était quand même intense, au-delà de la distraction il y a ces aspects, c’est lourd, ça pend sur la gauche, tu ne peux pas parler.
Il a eu aussi une panthère rose.
Il s’est fait connaître aux soirées Gazon, et dans les free parties.
À Ostende et en Flandre les gens viennent plus spontanément lui parler qu’à Bruxelles.
Il ne se déplace qu’à vélo, ou à pied. Il n’a jamais eu de voiture. Il fait 20 à 50 km par jour, 3000 km par mois, sur une année il use beaucoup de vélos.
Petit il se souvient des fanfares, de majorette, de la police.
Il est né à Saint-Josse, a été à la campagne jusqu’à ses sept ans puis est revenu sur la ville de Bruxelles.
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Il a amené des sons de Bruxelles à BNA.
Il a commencé à enregistrer lorsqu’il faisait l’agenda militant à Radio Panik.
Le bruit n’est pas un problème, c’est une mélodie quand il est accordé avec autre chose.
Un marteau-piqueur représente autre chose qu’un marteau-piqueur.
(Les sons sont actuellement en cours de mise en ligne sur notre carte sonore)
Il a des bruits d’escalators, de mouettes, de vieux trams.
Le son n’est pas un bruit.
Kraftwerk Depeche Mode (Master and Servant), Molecule sont des influences.
Un bus ou un marteau-piquer peuvent faire autre chose.
Son favori : le vieil escalator.
Son petit chéri c’est au Mont des Arts, derrière la statue, il y a une plaque de métal qui émet du bruit dès que les voitures passent dessus.
Escalator spécifique à Montgomery côté gauche.
Le bus 71 fait une mélodie de bruits.
Sons qu’il n’aime pas ?
Ses acouphènes dans ses oreilles. C’est un bruit de substitution qui n’est pas produit. Il prend des médicaments, là c’est acceptable.
Sinon elle n’aime pas le ravalement d’une façade, ou l’alarme stridente.
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Il avait rencontré Lydia Linch (Lydia Lunch?) à la Balsamine.
Il l’avait invitée à l’agenda militant, tout le monde était étonné de la voir à Radio Panik !
Il a apporté des sons de mouettes, d’orgue de barbarie, de vagues.
Le joueur est tous les weekends sous les arcades à Ostende.
À Ixelles il y avait un joueur de planche à lessiver.
Les intérêts pour le son ?
Un dégout ou un trop, qu’est-ce qui m’ennuie ? Trouvons une solution.
Les sons ont toujours été en lui, mais il n’avait pas de quoi les enregistrer.
Dans les tontons flingueurs quelqu’un fait tomber des gouttes d’eau sur une plaque en verre, Lino Ventura coupe tous les robinets car il ne supporte pas le bruit.
Qui est Eddy Wally ? (il a une casquette avec Eddy Wally écrit dessus).
C’est un ancien artiste belge, il essaye de ressortir quelques vieux artistes, il a voulu faire un reportage sur lui.
Évocation de faire venir des artistes ou chanteurs à Bruxelles.
Jean Tinguely à Recyclart avec Dirk Seghers, mais chaque œuvre coutait 10000 euros pièces pour l’assurance.
Il y a eu une expo de Nikki de Saint-Phalle à Mons.
Il a des pins Klaus Kinski, des autocollants des années 80 où il a écrit des petits poèmes.
1676 - 04 - BNA-BBOT
Il écrit des poèmes sur des étiquettes adhésives qu’il colle dans des lieux secrets.
C’est plus beau que des logos publicitaires.
Il est triste qu’on lacère l’espace pour mettre des logos.
Si vous prenez la piste cyclable à partir du Kaai Theater, sur le côté droit, au deuxième feu quelqu’un a mis un fanzine qui s’appelle le journal du feu. Ça retranscrit la vie de gens à vélo.
12 cases noir et blanc.
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Son action dans la ville ?
Il se dit concepteur de joie.
Pas un artiste, un type qui conçoit des chose et se balade. Si ça marche c’est bien si ça ne marche pas il fait autre chose.
Il a des carnets qui sont des lettres de l’alphabet. En ce moment il écrit sur le E.
Réflexions sur les lettres et comment écrire dedans.
Il a un sac Gucci. Pour faire des affaires il fait les poubelles des riches.
Tout est récupéré, chaussures Adidas, chaussettes Paul Smith, de la marque.
1676 - 06 - BNA-BBOT
Endroit préféré à Bruxelles ?
À Bruxelles il est de passage. Son meilleur endroit, banc favori, peut-être la piste cyclable du Cinquantenaire à l’hippodrome de Boistfort.
Bruxelles est une ville d’action, de passage.
Sur le piétonnier il suit les piétons, obtempérer aux piétons.
La patrie du vélo c’est Gand Saint-Pierre.
1673 -
25 Mars 2022
Enregistrement réalisé en vue d'une publication dans la revue L'Art Même portant sur l'exposition "L'acte de respirer" (HORST, 2022)... (voir plus)
Enregistrement réalisé en vue d'une publication dans la revue L'Art Même portant sur l'exposition "L'acte de respirer" (HORST, 2022)
1673 - 01 - BNA-BBOT
Présentation des 2 curatrices de l'exposition "L'acte de respirer" dans le cadre du festival HORST 2022. Sorana Munsya et Evelyn Simons racontent leurs parcours, leurs intérêts et leurs engagements politiques et artistiques.
1668 - La mode bruxelloise
26 Août 2021
Magasin Extra-Ordinaire
Entretien avec le créateur de mode Jean-Paul Lespagnard.
Collecte de témoignages pour l’exposition Brussels Touch au musée Mode et Dentelles.
... (voir plus)
Entretien avec le créateur de mode Jean-Paul Lespagnard.
Collecte de témoignages pour l’exposition Brussels Touch au musée Mode et Dentelles.
1668 - 01 - BNA-BBOT
Jean-Paul Lespagnard, créateur, il a un studio de création à Bruxelles depuis 10 ans.
Il vient de Liège, à côté, la porte des Ardennes.
Il a bougé sur Anvers mais il lui manquait la partie francophone de son pays, Bruxelles a été une évidence.
Lieu emblématique ?
Le centre ville. Il vient de la campagne, quand il venait à Bruxelles ça a été ce qu’il a découvert.
Il a sa boutique, son premier studio a été dans le centre ville.
C’est un lieu de travail et de sortie. Il cherche par ailleurs à réimplanter son studio dans le centre ville.
Une œuvre d’art, un artefact ?
Très cliché mais la Grand-Place. Il a un sentiment de fierté quand il y passe. Se dire que c’est ce que les gens voient de Bruxelles.
Il y a toujours du monde qui y passe, sauf pendant la période du Covid, il s’est retrouvé seul pendant une demi-heure, c‘était beau et effrayant à la fois.
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Dans quelle mesure l’esprit de Bruxelles le nourrit dans ses créations ?
En anglais il y a deux mots, City et Town. Bruxelles est une City avec un esprit de Town. Tout en restant une ville internationale, facile d’y aller et d’en bouger.
Aller ailleurs pour ramener les choses ici.
Annemie Verbeke a été importante dans son parcours. Elle lui a donné un jobb dans le métier.
Jean-Paul Knott, Elvis Pompilio, Martin Margiela aussi. Pas mal de créateurs en lien via Sonja Noël , De Stijl.
Christian Lacroix vient souvent ici dans les vintage pour chercher du matériel de création.
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Anvers – Bruxelles
Le point commun c’est l’indépendance de chaque créateur.
Anvers a de nombreuses références avec l’école, qui est une académie, c’est très différent du joyeux foutoir ou du rien du tout de Bruxelles, où tout reste à créer et définir.
À Bruxelles les loyers sont encore abordables, ce ne serait pas possible dans d’autres villes internationales.
Pas de lien avec l’école de La Cambre, mais Toni Delcampe lui a donné des cours du soir en mode à Liège.
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En 2017 il a fait une expo personnelle au musée de la mode en 2017, ça a ancré son travail dans la ville.
Toutes les pièces exposées font désormais partie de la collection du musée.
Le magasin Extra-Ordinaire découle de son expo, ça l’a fait réfléchir à comment présenter son travail.
Il a aussi collaboré en faisant le millième costume de Manneken Pis.
C’est intéressant de pouvoir donner des pièces à des musées, d’autres pourrtont les étudier, les reprendre, il fait lui-même des références à d’autres créations.
Une nouvelle génération ?
Clairement, la mode est en train de changer. Les jeunes créateurs avec qui il travail ou avec qui il est en contact via les écoles ont une conscience de comment on fait les choses.
Il ya des visions de jeunes personnes qui veulent rester indépendantes, créer pour le plaisir de créer, hors des grands groupes.
1670 - La mode bruxelloise
19 Août 2021
Entretien avec Didier Vervaeren, styliste et enseignant à La Cambre.
Collecte de témoignages pour l’exposition Brussels Touch au musée Mode et Dentelles. Brussels Touch
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Entretien avec Didier Vervaeren, styliste et enseignant à La Cambre.
Collecte de témoignages pour l’exposition Brussels Touch au musée Mode et Dentelles. Brussels Touch
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Présentation. Didier Vervaeren, styliste, il a fait ses études à la Cambre. Il travaille depuis toujours dans la mode, avec aujourd’hui une position de transmission.
Il a géré le studio de création de la maison Delvaux, a travaillé avec Xavier Delcourt, a eu une marque qui s’appelait Union pour le Vêtement.
Aujourd’hui il dirige le département accessoires à la Cambre, il a quelques missions de conseil.
Ses dates bruxelloises.
Il est né à Liège, ses années bruxelloises c’est les 90’s, les années nonante, avec une scène alternative par rapport à la mode, un milieu culturel et mode très différent de celui d’aujourd’hui. Un déclin à partir de 2000.
Une identité bruxelloise ?
C’est très melting pot, une ville où l’on parle deux langues, des cultures différentes, Bruxelles est un gentil chaos.
Un lieu bruxellois ?
Il habite au centre ville, pour lui Bruxelles c’est le Pentagone. Ce qui se passe vers la Grand’Place, Sainte Catherine, les gares.
Une œuvre d’art ?
Des lieux emblématiques comme le palais des Beaux-Arts, le Mont des Arts, la Grand’Place, ce côté capitale, grande ville et mémoire.
Toutes les strates de ce pays sont dans le Pentagone. Une dimension de grande ville dans un petit mouchoir de poche.
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En 2021 une émulsion de la mode à Bruxelles ?
C’est une question difficile, à titre personnel il trouve qu’il ne se passe plus grand-chose.
Retour sur les 90’s, création de Modo Bruxellae en 1994 qui connectait les jeunes, les maisons, ça a fait de Bruxelles une ville un peu atypique, sans créateurs phare, on n’a pas un gros héritage (la dentelle..).
Cette association avec son parcours mode a permis de montrer aussi au public. Aujourd’hui il reste quelques écoles de mode, on continue à parler de la mode, mais on a perdu cet esprit festif qui faisait que la mode était une partie de notre culture.
Autres écoles à Bruxelles : La Cambre, Saint-Luc, la haute école Francisco Ferrer, l’institut Jeanne Toussaint aux Arts et Métiers.
Il y a pas mal de possibilité de se raccrocher au train de la création.
Le département accessoires à la Cambre a été créé en 2016, c’est assez unique, sans équivalent ailleurs dans le monde.
Il y a tout ce qu’il faut, il manque un élément fédérateur pour connecter les jeunes, les maisons, le passé et le futur pour raconter la mode.
À la Cambre dans le département accessoires indépendant du département mode, c’est un Master en deux ans.
L’accessoire à La Cambre c’est l’objet porté et non porté.
Il y a l’accessoire cde mode, c’est la partie la plus visible, et il y a l’objet accessoire, entre l’art et la mode, il y a aussi le bijou et toutes les expériences alternatives.
La Mode est devenue un sujet mainstream, et tentaculaire, son département cherche à travailler l’objet mode qui peut être un accessoire qui vient compléter un look, mais frôle aussi l’objet d’art.
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Différence Anvers – Bruxelles
Rappel historique, à la fin des années 80 il y a eu les 6 d’Anvers, qui ont donné un visage à la mode Anversoise.
On dit 6+1 avec Martin Margiella.
À Bruxelles on n’a jamais eu un groupe aussi fort, aussi radical, aussi attendu dans la mode.
À Anvers iels sont arrivé·e·s tous en même temps, ce qui est rare.
À Bruxelles il y a la Cambre et pas mal de créateurs qui ont fait bouger les lignes aussi.
Au final c’est assez similaire, c’est plutôt dans une expression de formes et de détails.
À Anvers c’est plus international, à Bruxelles c’est plus francophones, beaucoup de français viennent y étudier.
Autre différence dans la rue, à Anvers les gens sont plus mode, ça intéresse moins les gens à Bruxelles. Anvers c’est provincial mais les gens se montrent.
C’est par ailleurs deux villes très proches.
Point technique : à Anvers on a la Cambre / à Bruxelles on a la Cambre.
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Enjeux politiques, écologiques, questions liées au genre, à la décolonisation.
Quel est le tournant que ne doit pas rater la mode ?
Vaste question. La mode c’est l’expression de ce qui se passe aujourd’hui, la mode aborde souvent les sujets avant qu’on ne les aborde.
La question du genre a souvent été abordée, la question de l’écologie est importante.
La mode fait beaucoup d’argent, donc c’est compliqué de faire du bien à l’environnement.
Dans les écoles en Belgique il y a peut-être un cap qui a été manqué. C’est déjà abordé dans d’autres pays, ici il y a une grande prise de conscience à donner, à mettre dans les programmes des écoles.
Par ailleurs la mode ne peut pas être une réponse et une solution à tous ces problèmes.
Autour de lui il voit pas mal de jeunes gens plutôt conscients de ces problématiques.
Boom du deuxième main, et ça a toujours caractérisé Bruxelles, c’est la ville de la frippe.
À son arrivée il aimait beaucoup venir au marché aux puces sur la place du Jeu de Balle.
À Bruxelles ça n’a pas changé, et ça a peut-être créé cette culture spécifique, rapport au vintage, au deuxième main qu’on ne trouve pas forcément ailleurs.
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De gros enjeux de société, d’évolution.
Il se souvient des années 2000, Tom Ford chez Gucci avec le porno chic.
Sexualisation dans la mode, depuis il y a eu des hauts et des bas, et la mode c’est un peu une histoire de hauts et de bas.
La nouvelle génération et leur rapport au corps, à la sexualité, tout ça dépasse vraiment la mode.
Adulte on le gère plus ou moins bien, enfant ou adolescent on le vit différemment. Là ce n’est pas une question de mode, mais d’éducation.
S’il devait décrire Bruxelles aujourd’hui, on a perdu une certaine excentricité, liée à l’évolution de la société.
Même si on vit dans un monde rempli de libertés personnelles et de possibles, les gens se ressemblent quand même relativement tous.
Ce n’est plus à la mode d’être excentrique, et la mode c’est un e espèce d’excentricité. Ce n’est pas choquer, c’est être différent des autres.
Bruxelles est un cabinet de curiosité du XXIème siècle.
La bruxellisation qui a défiguré Bruxelles a permi la création de ce cabinet de curiosité.
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Le côté émergent doit arriver dans un terreau fertile, un territoire dans lequel il y a de quoi se rebeller.
Lecourt Mansion à Paris a toute sa place par rapport à un establishment.
À Bruxelles on n’est pas oppressé, donc c’est moins évident de se rebeller.
Il dit souvent à ses étudiant·e·s d’être jeunes avant d’être vieux.
On quitte l’école on veut rentrer chez un créateur, avoir un bon salaire, mais ce n’est pas avec ça qu’on va faire bouger les lignes.
La mode c’est un coup de poing, un fuck, on ne se pose pas de questions et on le fait, on doit avoir quelque chose à dire.
Produire des vêtements ce n’est plus de la mode.
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A-t-il encore quelque chose à dire en tant que créateur ?
Le confort c’est dangereux et Bruxelles c’est confortable.
Il aime être entouré de jeunes gens à qui il transmet, iels veulent faire quelque chose et il est là pour mettre un peu de lumière.
Il fait de la création tous les jours avec les étudiant·e·s, dans un environnement sécurisé.
Il faut développer son imagination, la stimuler, la canaliser parfois.
S’il est toujours là et si ça lui plait toujours c’est parce que c’est un territoire où il y a de quoi faire.
À titre personnel il se demande souvent s’il refera des bijoux, de la couture, mais le temps passe vite, il aime en avoir envie, peut-être pas trouver l’énergie de le commercialiser.
À titre personnel il aimerait donner une place dans la mode à la culture LGBT.
C’est lié à l’origine, et aujourd’hui il voit comme c’est bafoué dans le monde entier, la mode devrait se réapproprier ce sujet d’une manière militante, pas que mercantile.
Paradoxe : des jeunes gens libres et à l’aise avec leur sexualité et conformistes.
Il voudrait créer un cercle LGBT à l’école.
La Cambre est une école très bourgeoise, cette culture doit y être mise en avant .
Il doit trouver comment en parler au directeur et aux autres collègues.
Comme un sujet d’actualité, un espace dans l’école.